Entre les premiers coups de canon contre Alger (juin 1830) et la reddition dans l’honneur de l’émir Abd El-Kader (décembre 1847), considérée comme étape ultime d’une première guerre d’Algérie, la France a envoyé sur la rive sud de la Méditerranée treize gouverneurs généraux ou commandants en chef. C’est pourtant le nom du maréchal Thomas-Robert Bugeaud qui est devenu le symbole de la violence de la conquête. Il fit en Algérie deux séjours, 1836-1837 et, surtout, 1841-1847, au plus fort de l’affrontement avec Abd El-Kader. S’il ne reçut pas directement la reddition de ce dernier (il avait quitté la colonie deux mois plus tôt), il est entré dans la saga coloniale comme le «pacificateur» de l’Algérie.
LE PROGRÈS POUR JULES VERNE
On peut imaginer que l’image fut quelque peu différente du côté des conquis. Pour la population algérienne, l’ère de la conquête et de la pacification fut épouvantable. Les travaux historiques retiennent une fourchette d’habitants de l’Algérie en 1830 entre 2,5 millions1 et 3 millions2 Durant les quatre premières décennies de la présence française, les estimations du nombre de victimes (des opérations militaires, des épidémies ou des famines) varient entre 500 000 et 1 million, dont une immense majorité de civils. Il revenait à Jules Verne de donner un nom à ce phénomène — le progrès :
C’est la loi du progrès. Les Indiens disparaîtront. Devant la race anglo-saxonne, Australiens et Tasmaniens se sont évanouis. Devant les conquérants du Far West s’effacent les Indiens du Nord-Amérique. Un jour, peut-être, les Arabes seront anéantis devant la colonisation française3.
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https://orientxxi.info/magazine/colonisation-bugeaud-peut-bien-tomber-de-haut,3973
Pour rappel

Le Duc de Rovigo à ses soldats : « Apportez des têtes, des têtes. » .(rapporté par René Vautier réalisateur et scénariste français)-Voir vidéo :