
« Le sentiment de sécurité est le meilleur cadeau qu’un pays puisse offrir à son peuple »
- Xi Jinping, président de la République populaire de Chine
« Si nous utilisons correctement l’intelligence artificielle, nous serons capable de savoir à l’avance qui pourrait être un terroriste, qui pourrait faire quelque chose de mauvais »
- Li Meng, vice-ministre des sciences et de la technologie
Beijing dans quelques années. En retard pour un rendez-vous professionnel, vous grillez un feu rouge. Immédiatement, vous recevez une notification sur votre smartphone : votre crédit social vient de baisser ! Depuis que le gouvernement chinois utilise le big data pour mesurer la « fiabilité » de ses citoyens – une mesure annoncée en 2014 – la vie de ses 1,42 milliard d’habitants est réglée sur l’évolution de leur score individuel. Cette note, échelonnée entre 350 et 950 points, varie en fonction des actions en ligne et dans la vie réelle : s’occuper de ses parents âgés, élever ses enfants et rembourser ses crédits font gagner des points, tandis que critiquer le gouvernement sur Internet, acheter des jeux vidéo ou avoir de « mauvaises fréquentations » sur les réseaux sociaux en font perdre…
Une bonne note permet de voyager en première classe, d’obtenir un prêt à un taux avantageux, d’avoir une promotion ou même d’être mieux classé sur les sites de rencontres (!). A contrario, une mauvaise note peut interdire d’accéder à certains métiers ou d’inscrire ses enfants dans une école privée. Il devient également plus difficile de progresser dans la hiérarchie de son entreprise, de prendre le train, voire de quitter le pays. Ce tableau n’a rien d’une scène de science-fiction. Le dispositif est déjà testé à Hangzhou, dans un projet pilote impliquant huit entreprises privées, dont Sesame Credit, un système d’évaluation du crédit social individuel développé par Ant Financial Services Group, filiale du groupe Alibaba, en association avec le gouvernement chinois. Avec un certain succès : le site de rencontre Baihe encourage par exemple ses utilisateurs à fournir leur score Sesame Credit pour avoir un profil plus attractif. Le dispositif rappelle les systèmes de notation d’Uber, de TripAdvisor, d’Airbnb ou encore la série Black Mirror où, dans un épisode, les individus notent leurs pairs à chaque interaction sociale. Mais contrairement à ces exemples, le système de crédit social mis en place en Chine sera unilatéral : seul le gouvernement pourra donner une note aux habitants grâce au Big Data.
« L’œil céleste » vous regarde. Suite de l’article :

https://www.geostrategia.fr/le-controle-social-en-chine-142-milliard-de-suspects-sous-surveillance/