
Après l’annonce de la décision du président Trump, une source fiable au sein de l’exécutif, sous couvert d’anonymat, nous a confié que les membres du secrétariat général du PJD (islamiste ; au pouvoir) s’étaient donné rendez-vous, le jeudi en début de soirée, au siège principal du parti à Rabat pour discuter de la nouvelle donne politique et du positionnement du parti sur la cause palestinienne, surtout à la veille des prochaines élections.
Le chef du gouvernement, Saâdededdine el-Othmani, secrétaire général du PJD, aurait donné pour directive à ses partisans, notamment au sein de la jeunesse du parti, de rallier d’une manière inconditionnelle l’initiative royale, qui a permis au Maroc, selon lui, d’obtenir la reconnaissance américaine historique de la marocanité du Sahara occidental.
Sur le site web du parti, les responsables de la communication ont fait en sorte de diluer tout ce qui se rapporte à Israël dans des titres trompe-l’œil, qui mettent en avant la victoire diplomatique du Maroc sur le Polisario ou encore la décision américaine d’adopter la solution marocaine sur le Sahara occidental et d’ouvrir un consulat à Dakhla.
Face à cette décision royale impromptue prise sous les pressions des hommes forts du Golfe et dans un timing inapproprié, qui coïncide avec le départ du président Trump, les islamistes au pouvoir n’ont d’autre choix que de rallier la position officielle du régime, sans quoi ils seraient inéluctablement attaqués par les autres partis politiques, dont certains voient dans la normalisation avec Israël, à la veille des élections législatives marocaines d’octobre 2021, une opportunité de choix pour fragiliser davantage le socle idéologique du PJD, fondé notamment sur l’adhésion indéfectible à la défense de la cause palestinienne.
Un coup dur pour le chef du gouvernement actuel, qui n’a cessé de déclarer que la normalisation avec Israël n’était pas une question d’actualité et que le royaume n’était pas disposé à reconnaître l’existence d’Israël.
De leur côté, les Marocains lambda continueront à commenter l’actualité et à se poser des questions sur l’avenir de la question palestinienne, prise entre le marteau des intérêts politiques du régime et de sa pérennisation, et l’enclume de la pression internationale qui a eu raison, cette fois-ci, de la politique du « soft power » du roi Mohammed VI.
Ce dernier se place désormais derrière les puissants princes du Golfe, qui s’invitent avec force dans la région du Maghreb. Le pouvoir pourrait se targuer d’avoir emprunté le chemin d’un « smart power », un pouvoir intelligent, raisonnable et avisé qui privilégierait l’« agir collectif » pour préserver l’intégrité territoriale du royaume. Mais encore faut-il que le régime de Mohammed VI soit capable de composer démocratiquement avec les voix de l’opposition et qu’il décide de couper avec l’autoritarisme et l’oppression des libertés.
Par ailleurs, le Maroc devra prendre en considération les contraintes de la communauté internationale, à l’image de l’ONU, qui a déjà émis des réserves quant à la décision unilatérale du président Trump de reconnaître la marocanité du Sahara, laquelle ne prend pas la mesure des effets collatéraux d’une telle initiative sur la région, notamment sur l’avenir des relations entre le Maroc et l’Algérie, qui soutient le Polisario.
Lire l’article en entier ici :
https://reseauinternational.net/la-normalisation-du-maroc-avec-israel-quen-pensent-les-marocains/

Voir article suivant :