Bien avant Éric Zemmour, Edmond Bloch distillait des discours d’extrême droite dans les années 1930. Proche de Xavier Vallat, de Charles Maurras et de François de La Rocque, le fondateur de l’Union patriotique des Français israélites incarnait un nationalisme outrancier qui composa avec les pires des antisémites.

Un Français juif incarnant la droite ultranationaliste ? Éric Zemmour n’est pas le premier. Parmi les précurseurs, on compte dans les années 1930 l’avocat Edmond Bloch. Il avait mis sur pied l’Union patriotique des Français israélites (UPFI), destinée à combattre la gauche, les communistes, les socialistes et leur chef Léon Blum. Son principal adversaire, Bernard Lecache, fondateur de la Ligue contre l’antisémitisme (LICA), le décrivait ainsi :
Embourbé dans ses curieuses passions nationalistes, fondateur d’une organisation fantôme d’israélites patriotes, il court systématiquement se jeter dans les bras des professionnels du racisme. Il s’est baptisé Gaulois une fois pour toutes. Il en porte la moustache. S’il en avait la possibilité, il démontrerait que les Bloch sont les descendants directs des plus fameux druides gaëliques.
Charles Maurras, le théoricien antisémite du nationalisme intégral, le considérait comme « un juif bien né » et, en première page de L’Action française, lui a proposé de venir, avec les autres juifs nationalistes, s’intégrer aux mouvements nationaux antisémites. De fait Bloch participera à des rassemblements aux côtés des chantres de l’ultra-droite, parfois même pro-hitlériens. Tribune juive, important hebdomadaire juif, relève ce tournant maurrassien de Bloch : « Il est entièrement étranger au judaïsme. Il ne connait ni nos traditions ni notre histoire. Il n’observe pas nos traditions ancestrales. Il se prend pour un juif, parce que les autres le disent juif ».
Selon l’historien Pierre Birnbaum, « Bloch illustre le dévoiement du franco-judaïsme s’identifiant non à la nation républicaine, mais au pire nationalisme agressif et réactionnaire d’extrême droite. » Il n’était pas le seul juif — loin de là ! — à se fourvoyer au sein de l’Action française, au nom d’un combat contre « les doctrines de décomposition sociale de la gauche » selon l’expression du jeune écrivain royaliste Pierre Boutang. Des dizaines de personnalités juives ont participé à la souscription lancée par l’Action française pour le financement de l’épée d’académicien de Maurras, élu à l’Académie française en 1939.
Les Croix-de-Feu à la synagogue
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