
Geoffroy van der Hasselt/AFP
La dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France a été approuvée par une partie de la gauche parlementaire au nom de la lutte contre « l’islam politique » ; celle de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie est passée presque inaperçue. C’est pourtant la liberté d’expression et d’association traditionnellement défendue par les partis de gauche qui est remise en cause.
Le 19 octobre 2020, trois jours après la décapitation de Samuel Paty, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, toujours prompt à exploiter l’actualité — surtout si elle est dramatique —, et désireux de bien servir son maître, affirme : le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) serait « manifestement impliqué » dans l’enchaînement des circonstances qui ont conduit au meurtre de ce professeur d’histoire. Accusation terrible mais sans fondement, sans autre fondement du moins que la volonté opportuniste de justifier, fût-ce au prix d’un grossier mensonge politique, la dissolution de cette association. En attestent les propos suivants, tenus peu après par le même : « Que ce lien existe ou pas, on comprend des services de renseignement que c’est une structure qui mérite d’être dissoute » parce que ses dirigeants seraient « des propagateurs du séparatisme » et soutiendraient que « l’islam est supérieur aux lois de la République ».
Mensonge et calomnie, toujours, mais qu’importe. L’offensive politico-juridique contre le CCIF était lancée et justifiée pour satisfaire une certaine opinion publique, répondre par avance aux accusations de laxisme de l’extrême droite et des Républicains, et montrer que le chef de l’État et son gouvernement réagissaient rapidement. Avec l’approbation critique du Rassemblement national (RN) et de la droite parlementaire qui exigeaient des mesures plus radicales encore.
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