Abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique

Dessin de Coté

Mon grain de sel

L’église a astreint ses prêtres et ses clercs au célibat. Pourtant, le célibat érigé en règle dans l’église contredit la bible et la tradition du catholicisme primitif. D’aucuns lient donc cette astreinte au célibat des prêtres à la pédophilie qui sévit dans l’église chrétienne.

Ahmed Miloud

L’Église catholique fait face depuis la fin du xxe siècle à la révélation de nombreuses affaires d’abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres, des religieux ou des laïcs en mission ecclésiale sur différents continents. Certaines de ces affaires ont été portées en justice, mais d’autres sont prescrites, souvent parce qu’elles ont été couvertes ou étouffées par la hiérarchie ecclésiastique. Le haut clergé catholique a réagi tardivement à ces sujets largement médiatisés. Les papes Benoît XVI et François ont pris la parole clairement, en présentant leurs excuses pour les dommages causés à des enfants, mais l’accumulation des révélations provoque aussi une crise de confiance à l’intérieur de l’Église catholique et le départ de fidèles.

Graffiti sur un mur de Lisbonne montrant un prêtre pourchassant deux enfants (2011).

Scandales isolés

Frédéric le Grandroi de Prusse, compose le poème intitulé Le Palladion, un texte « grave » imprimé pour la première fois en 1749. L’édition de 1788[2] censure le nom de Jésus mais celle de 1789 donne le texte sans caviardage[3]. Dans ses vers, le roi vient à traiter de sa jeunesse dans un « collége d’Ignace [sic] », où il dit que des professeurs jésuites le violaient, et « L’un [lui disait] :/ […] Ce bon saint Jean que pensez-vous qu’il fît,/Pour que Jésus le couchât sur son lit ?/Sentez-vous pas qu’il fut son Ganymède ? »[4].

Des scandales publics éclatent à partir des années 1950, mais ils restent relativement peu nombreux. Des études ultérieures montreront pourtant que les cas d’abus sur mineurs, aux États-Unis, en Irlande, aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne par exemple, ont surtout été nombreux dans les années 1960-1980. Ces affaires étaient souvent étouffées, ou attiraient moins l’attention des responsables et de l’opinion qu’aujourd’hui[5],[6],[7],[8].

Olivier Bobineau[9] explique que la parole des victimes et de leurs parents se libère au tournant des années 1990 au moment où le statut de l’enfant dans la société change: la convention internationale des droits de l’enfant ne date que de 1989, et il était encore possible pendant la révolution sexuelle des années 1970 de faire l’apologie de la pédophilie[10].

Première alerte aux États-Unis

En 1985, Thomas Patrick Doyle, prêtre catholique et spécialiste de droit canon, rédige avec F. Ray Mouton Jr. et le père Michaël Peterson un rapport de 92 pages sur les nombreux abus sur mineurs commis par des membres du clergé aux États-Unis[11].

Le document est envoyé aux évêques américains, certains l’accueillant favorablement[12]. Toutefois, ses conclusions ne seront pas suivies par la conférence épiscopale américaine[12],[13].

Les auteurs proposaient, entre autres, la création d’une commission nationale pour répondre aux plaintes déposées dans toute l’Église aux États-Unis. Les évêques préfèrent cependant agir de façon indépendante dans leurs diocèses, avec leurs propres experts[13],[14]. Ce rapport dénonçait pourtant une négligence dans le traitement des affaires et préconisait des mesures qui seront prises plus tard, après les premiers scandales importants des années 1990[Note 1]. Thomas Doyle devient par la suite l’un des porte-paroles des associations de victimes[13].

Premières affaires retentissantes

Aux États-Unis

Les premières affaires déclarées de pédocriminalité dans l’Église catholique aux États-Unis apparaissent à la fin des années 1980. Des procès très médiatisés, comme celui, en 1993, du prêtre Edward Pipala – condamné pour des viols commis sur une dizaine de jeunes garçons – contribuent à donner la parole aux victimes. Elles sont bientôt des centaines à sortir du silence[15].

Ces premières affaires agissent comme un révélateur. Elles permettent une meilleure appréhension de la gravité de ces abus, et conduisent la hiérarchie de l’Église catholique aux États-Unis à adopter une position plus ferme sur le sujet[5]. En 1993, la conférence épiscopale des États-Unis crée une commission pour lutter contre les abus sexuels dans l’Église (Ad Hoc Committee on Sexual Abuse)[13]. La même année, Jean-Paul II, répondant aux préoccupations des évêques américains, annonce la création d’une commission d’étude pour améliorer les procédures de jugements canoniques des affaires d’abus sexuels. Vers la fin de l’année 1993, cette commission, comprenant des représentants de l’Église américaine et du Saint-Siège, publie des directives pour faciliter la suspension des prêtres fautifs. Le pape approuve ces lignes directrices, sur une base expérimentale, en avril 1994[13]. Les diocèses américains deviennent plus attentifs à la sélection des candidats au sacerdoce. Des tests psychologiques et d’autres moyens de contrôle pour identifier les personnalités à risque sont mis en place[5]. Mais cette prise de conscience n’est pas suffisante et surtout n’est pas encore générale dans l’Église[5].

En Europe

En 1995, le cardinal Hans Hermann Groër, archevêque de Vienne, est publiquement accusé d’abus sexuels par deux de ses anciens élèves. Ces faits se seraient produits alors que ces derniers étaient adolescents[16],[17]. Le cardinal ne reconnaît pas ces abus mais renonce, la même année, à ses fonctions de primat des catholiques autrichiens. Le Saint-Siège estime que Hans Hermann Groër est victime de fausses accusations[16]. Quelques mois plus tard, Christoph Schönborn, évêque coadjuteur du cardinal Groër, admet pourtant publiquement la crédibilité des faits qui sont reprochés à son supérieur[18]. En 1998, avant une visite du pape Jean-Paul II en Autriche, l’épiscopat autrichien demande au Saint-Siège de se prononcer officiellement sur cette affaire et d’autres allégations d’abus sexuels[17] ,[19]. À la suite d’une enquête du Saint-Siège, le cardinal Groër renonce à ses fonctions ecclésiastiques[17],[19]. Il décèdera en 2003 sans que sa culpabilité soit publiquement éclaircie[19].

D’après le cardinal Christoph Schönborn, une enquête sur le cardinal Groër avait déjà été demandée en 1995, par le cardinal Ratzinger, alors préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Mais une partie de la curie romaine, dont le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’état du Saint-Siège, s’y serait alors opposée et aurait obtenu satisfaction[20],[19],[21].

Histoire récente

Afrique

Afrique du Sud

William MacCurtain, un prêtre jésuite britannique en poste à Johannesburg, agresse sexuellement de 1986 à 1989 William Segodisho[22]. Malgré la visibilité donnée au témoignage de la victime, le prêtre est simplement renvoyé au Royaume-Uni, où sa hiérarchie précisera « qu’une enquête approfondie a conclu que les accusations étaient fondées »[23]. Une trentaine d’affaires de pédophilie ont été recensées par l’Église catholique en Afrique du Sud depuis 2003 sans qu’aucun prêtre ne soit condamné[23].

Cameroun

Lors de l’émission Cash Investigation sitée au Cameroun, diffusée le 21 mars 2017 sur France 2 en partenariat avec Mediapart, l’évêque Joseph Atanga doit s’expliquer sur une affaire de pédophilie dans son diocèse, notamment au sein du collège François-Xavier Vogt, par des prêtres de la communauté Saint-Jean. Il aurait tenté de couvrir les responsables en exfiltrant les prêtres concernés et leurs éviter ainsi un procès[24],[25].

Amérique

Argentine

  • En septembre 2021, Nicolás Parma, un prêtre de la communauté Hermanos Discípulos de Jesús de San Juan Bautista est condamné à 17 ans de prison pour le viol de deux jeunes garçons de 14 ans[26]. Quelques semaines avant, le fondateur du mouvement, Agustín Rosa Torino, avait été condamné à 12 ans de prison pour le viol de 3 religieuses[27].

Canada

Article détaillé : Abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique au Canada.

Au Canada, à la fin des années 1980, des révélations sur des sévices infligés dans les années 1950 et 1960 à des enfants d’un orphelinat de Terre-Neuve ont suscité un scandale[28]. En mai 2021, les évêques canadiens ouvrent une plateforme pour permettre aux victimes de mentionner les situations d’abus sexuels commis ou cachés par un évêque[29].

L’ombudsman de l’Église catholique à Montréal, Marie Christine Kirouack, dépose en aout 2021 son premier rapport concernant 45 plaintes pour des faits qui se sont déroulés depuis les années 1950, 22 d’entre elles sont relatives à des abus sexuels « quasi institutionnel ». Ces dernières plaintes regroupent « l’exhibitionnisme, la pornographie, les avances ou propositions sexuelles non désirées, la masturbation de groupe, les contraintes à la fellation, à la masturbation, la version masculine du tribadisme, la pénétration vaginale et la sodomie »[30],[31].

Suite :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abus_sexuels_sur_mineurs_dans_l%27%C3%89glise_catholique

Lire aussi « Plus de 300 000 victimes en 70 ans : les chiffres chocs de la pédophilie dans l’Église » :

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/330-000-victimes-261-000-abus-les-chiffres-chocs-de-la-pedophilie-dans-l-eglise_2159785.html

Voir film « Boston Secrets » sur la pédophilie dans l’église :

Publié par ahmedmiloud

Retraité aime internet,débats,culture."La religion agréée par Allah,Le Dieu Unique, est l'Islam". Tout d'abord bienvenue sur mon blog. Vous y trouverez différents sujets qui pourraient vous intéresser, des réponses à certaines questions existentielles et surtout certaines choses qu'on essaie de vous cacher . Osez crier votre vérité même si elle blesse et ne courbez pas l'échine devant l'adversité. Ma devise : "Le mensonge finit toujours par se briser sur le mur de la vérité."(Ahmed Miloud)

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