
Contrairement à ce que nous enseigne Hollywood, les Romains n’ont pas été les seuls à martyriser les Chrétiens dans l’Antiquité, au Moyen Âge, le trafic de jeunes chrétiens, enlevés, castrés et vendus aux musulmans n’était pas motivé uniquement par l’argent, l’ennemi à travers les âges se montre particulièrement dans la fête du Pourim, sa férocité archaïque dans celle de la Pâque. Et c’est un chercheur Israélien, Ariel Toaff qui nous raconte tout ça dans son livre, Pâque de Sang, dont on trouvera ci-dessous traduit le chapitre 8.

Un livre que Le Monde du 12 avril 2007 présentait comme « la curieuse « provocation » d’Ariel Toaff– fils d’Elio Toaff, célèbre rabbin de Rome et ami de Jean Paul II » qui « avait laissé entendre, dans quelques pages très controversées de cet ouvrage, que de petits groupes de juifs ashkénazes se seraient autrefois livrés à des meurtres rituels. Cela se serait passé entre le XIIe et le XVe siècle, en Italie du Nord, où une petite minorité juive, pour se venger des violences antisémites, aurait préparé du pain azyme avec du sang de chrétiens ».

Les accusations de meurtre rituel à l’encontre les Juifs sont millénaires, parfois même accompagnées de soupçons de cannibalisme, toutefois, il serait erroné de croire que ces rumeurs se soient autoalimentées à travers les âges, il est en effet assez peu probable que les témoignages qui nous sont parvenus de l’Antiquité aient été connus et diffusés au Moyen Âge pour donner corps à de nouvelles accusations de crucifixion et autres rituels macabres.1
Dès le deuxième siècle avant Jésus-Christ, un historien grec quasiment tombé dans l’oubli, Damocrite, qui vivait probablement à Alexandrie, recueillait un témoignage si violent et édifiant, qu’on le trouvait dans le dictionnaire grec de Suida à l’entrée le concernant. D’après Damocrite, les Juifs avaient coutume de rendre un culte à une tête d’âne d’or; tous les sept ans, ils enlevaient un étranger pour le sacrifier, lacérant sa dépouille.2
Pire, le sacrifice était censé se dérouler dans le sanctuaire même du judaïsme, au Temple de Jérusalem.
Le témoignage cité par Damocrite est évidemment destiné à mettre en exergue la monstrueuse barbarie des Juifs qui, «vomissant l’humanité», pratiquaient les cultes les plus démoniaques. Il convient néanmoins de noter qu’il n’est fait ici aucune mention d’un quelconque besoin de recueillir le sang des victimes ni d’autres formes de rite cannibale.
On trouve un récit pour partie similaire dans le Contra Apione, de Flavius Josèphe [Yossef ben Matityahou HaCohen], un texte rédigé dans le cadre d’une polémique qui l’opposait au virulent rhéteur antisémite, Apione, qui vécut à Alexandrie au 1er siècle de l’ère chrétienne. Selon Apione, Antiocchus Épiphane, entrant dans le Temple de Jérusalem, aurait été surpris d’y trouver un Grec, allongé sur un lit, entouré des mets les plus raffinés mis à sa disposition. Seulement, aux dires du prisonnier, la médaille avait un terrible revers. Les Juifs l’auraient enlevé et emmené au Temple, caché à la vue de tous, et gavé de toute sorte de nourriture. Au début, la curieuse situation dans laquelle il se retrouvait ne lui paraissait pas particulièrement désagréable, jusqu’à ce que les gardiens du sanctuaire lui révèlent le sort qui l’attendait: il était destiné à être la victime sacrificielle d’un cérémonial juif.
«chaque année à une date préétablie, les Juifs accomplissent le même rite. Ils enlèvent un Grec, commerçant de passage, et le nourrissent toute une année. Puis, ils l’emmènent dans une forêt et le sacrifient selon leur religion. Ils se délectent alors de ses viscères, jurant leur haine des Grecs, avant d’abandonner les restes de la carcasse dans un fossé».3
Flavius Josèphe note que l’histoire rapportée par Apione n’est pas de lui, qu’on la trouve chez d’autres aèdes, ce qui aurait tendance à indiquer qu’elle était beaucoup plus répandue que ce qu’on pourrait penser sur la foi des deux seuls écrits qui nous sont parvenus, à savoir, ceux de Damocrite et d’Apion.4
Le deuxième récit comporte par rapport au premier un certain nombre de variantes intéressantes. La cérémonie y devient annuelle et se tient à date fixe sans toutefois qu’on sache à quelle fête juive elle se rattacherait. Par ailleurs, le rite cannibale y est désormais crûment représenté, même s’il n’est toujours pas question de récupérer du sang humain, un élément qui deviendra prépondérant à partir du Moyen Âge.
En parallèle de ces récits de sacrifices humains, Dion Cassius dans son histoire de la rébellion de Cyrène (115 de l’ère chrétienne), n’a pas manqué d’évoquer avec dégoût le fait que les Juifs se jetaient voracement sur les corps de leurs ennemis, Grecs ou Romains, tombés dans la bataille, que non content de s’en sustenter, ils se maculaient le visage du sang de leurs victimes, se parant de leurs tripes en guise de ceintures.5
Plus troublant encore, parce qu’extrait du Talmud lui-même, ce passage, le Ketubot 102b, qui pourrait bien s’interpréter comme une confirmation indirecte du phénomène du meurtre rituel, à une époque, il est vrai, archaïque, le passage ne précisant d’ailleurs pas à quel point la pratique était répandue ni dans quelle mesure elle était approuvée.

Le passage s’apparente à une baraïta ou mishnah «externe», c’est-à-dire non incorporée dans le texte codifié et canonique de la mishnah (remontant approximativement au IIIe siècle de notre ère) – qui semble être l’une des plus anciennes – et peut donc remonter à la à l’époque du second Temple en Palestine.
«Un homme est tué, laissant un fils en bas âge aux soins de sa mère. Lorsque les héritiers du père s’approchent et disent: «Laissez-le grandir avec nous», et que la mère dit: «Laissez-le grandir avec moi», il (le garçon) doit être laissé à la mère et ne doit pas être confié aux soins de toute personne ayant le droit d’hériter de lui. Un cas de ce genre s’est produit dans le passé et (les héritiers) l’ont tué la veille de la Pâque (en hébreu: weshachatuhu ‘erev ha-Pessa’h)».6
Or, on sait que le verbe hébreu shachet a le sens «d’assassiner», de «tuer», mais aussi celui «d’immoler», comme par exemple dans Exode 12:21 «Tu sacrifieras l’agneau pascal», we-shachatu ha-pesach). S’il ne s’agissait en l’espèce que d’un simple meurtre commis en vue d’accroître la part d’héritage, l’affirmation selon laquelle le meurtre a été commis «à la veille de la Pâque» apparaîtrait tout à fait superflue. En effet, à l’appui de la loi prévoyant que l’enfant devait être confié à la mère et non à des personnes habilitées à hériter de ses biens, il aurait suffi de constater que, dans le passé, un enfant avait été tué par ses cohéritiers. Les précisions sur le lieu et la date n’avaient en elles-mêmes aucune importance, sauf pour rappeler un cas bien connu durant lequel des héritiers auraient profité d’un éventuel rite sacrificiel humain pascal pour récupérer une part d’héritage.
Parvenu à ce stade, il pourrait être utile de se demander pourquoi, alors, les auteurs chrétiens primitifs semblent s’abstenir de faire usage de ce passage dans leurs polémiques antijudaïques puisqu’il pouvait si facilement venir à l’appui de leurs accusations de sacrifices humains en établissant un lien entre le meurtre abominable d’un bébé et la Pâque juive. Mais c’était peut-être tout simplement dû à leur ignorance très générale de la littérature rabbinique et de ses exégèses.7
Quoi qu’il en soit, force est de constater que la mention «Ils l’ont tué (ou immolé) la veille de la Pâque» (we-shachatuhu ‘erev haPesach), apparaît dans toutes les versions manuscrites primitives du Ketubot en question, ainsi que dans la première édition du Talmud, imprimée à Venise en 1521 par Daniel Bomberg.
Depuis, sans doute dans le but de ne pas prêter le flanc aux accusations de meurtre rituel de la part de ceux qui auraient, entre-temps, découvert le passage et sa valeur potentiellement embarrassante, les éditeurs du Talmud ont opté pour une rédaction moins incriminante: «ils l’ont tué le soir du Nouvel An» (‘erev Rosh HaShanah), ou «ils l’ont tué le premier soir» (‘erev ha-rishon).8
Cette dernière version suggérant que les héritiers ont liquidé l’enfant le jour même où il leur a été confié, indépendamment donc de toute fête religieuse.
Dans une glose consacrée au Ketubot 102b, les éditeurs de la célèbre édition de Vilnius du Talmud (1835) justifiaient ainsi leur décision d’adopter la version «ils l’ont tué le premier soir» en lieu et place de la précédente – qu’ils se gardaient bien de rappeler explicitement: «Ceux qui nous ont précédés dans le Talmud, sont tombés dans l’erreur en sortant une phrase de son contexte».9
Que l’Europe chrétienne du Moyen Age vivait dans l’épouvante des Juifs est un fait bien établi. La crainte très répandue de voir leurs enfants enlevés et soumis à des rituels judéomoniaques est peut-être même antérieure à celle du sacrifice rituel dont le stéréotype est apparu au XIIe siècle. Pour ma part, je considère qu’il faut sérieusement prendre en considération l’hypothèse selon laquelle cette peur ait été en grande partie liée à la traite des esclaves, notamment aux IXe et Xe siècles, au cours desquels le rôle des Juifs dans la traite semble avoir été à son apogée.10
À cette époque, les Juifs sillonnaient les villes de la vallée du Rhône, Verdun, Lyon, Arles et Narbonne, en plus d’Aquisgrana [Aix-la-Chapelle], capitale de l’empire au temps de Louis le Pieux [Louis Ier], et, en Allemagne, les centres de la vallée du Rhin, Worms, Magonza et Magdeburg; en Bavière, de Ratisbonne, et en Bohême, de Prague. Ils étaient présents sur les principaux marchés aux esclaves en proposant à la vente des femmes, des hommes, et des enfants qu’ils avaient arrachés à leurs foyers. De l’Europe christianisée, cette chair humaine était souvent exportée en Espagne alors terre d’islam. La castration, surtout celle des enfants, faisait monter les prix et était une pratique des plus lucratives.11
On trouve dans une lettre d’Agobard, archevêque de Lyon dans les années 816-840, le premier témoignage connu relatif à l’enlèvement d’enfants par des Juifs dans le cadre du trafic à destination de l’Espagne arabo-musulmane. Le prélat y décrit l’apparition à Lyon d’un esclave chrétien, évadé de Cordoue, qui avait été enlevé vingt-quatre ans auparavant par un Juif léonais, alors qu’il était enfant, pour être vendu aux musulmans d’Espagne. Son compagnon d’évasion était également un chrétien ayant subi un sort similaire après avoir été enlevé six ans auparavant par des marchands juifs à Arles. Les habitants de Lyon confirmaient leurs dires, ajoutant qu’un autre petit chrétien avait été enlevé par des Juifs la même année pour être vendu en esclavage. Agobard conclut son rapport en estimant qu’il n’était pas possible de considérer qu’on avait affaire à des cas isolés, qu’il s’agissait au contraire d’une pratique courante chez les Juifs qui, non contents de se procurer des esclaves parmi les chrétiens, les soumettaient à des traitements infâmes «qu’il serait en soi dégradant de décrire plus avant».12
À quelles abominations Agobard faisait-il allusion, on ne peut pas le savoir avec précision, mais il s’agissait sans doute plus de castration que de circoncision.13
Liutprando, évêque de Crémone, dans son Antapodosis qu’il aurait rédigé vers 958-962, fait état de Verdun comme étant le principal marché sur lequel les Juifs se livraient à la castration des jeunes esclaves destinés à être vendus aux musulmans d’Espagne.14
À la même époque, deux sources arabes, Ibn Haukal et Ibrahim al Qarawi, notaient également que la majorité de leurs eunuques étaient originaires de France et qu’ils étaient vendus à la péninsule ibérique par des commerçants Juifs. D’autres chroniqueurs arabes mentionnent Lucerna, une ville majoritairement juive, située à mi-chemin entre Cordoue et Malaga dans le sud de l’Espagne, comme un autre grand marché dans lequel la castration des enfants chrétiens réduits en esclavage était pratiquée à grande échelle par toujours les mêmes personnes.15
Des chroniques rabbiniques contemporaines apportent une confirmation supplémentaire du rôle joué par les Juifs dans le commerce des enfants et des adolescents ainsi que dans la pratique hautement lucrative de la castration. Ces textes révèlent que ceux qui se livraient à un tel commerce étaient pertinemment conscient des risques encourus puisqu’en général toute personne surprise et arrêtée en possession d’esclaves castrés dans les territoires chrétiens était décapitée sur ordre des autorités locales.16
Même le célèbre Natronaï ben Hilaï, Gaon du collège rabbinique de Sura au milieu du IXe siècle était au courant des problèmes liés au périlleux commerce des jeunes eunuques.
«Les Juifs sont entrés (dans un port ou une ville), amenant avec eux des esclaves et des enfants castrés [hébreu: serisim ketannim]. Lorsque les autorités locales les ont confisqués, les Juifs les ont amadoués avec de l’argent et la marchandise leur a été restituée, au moins en partie».17
Ainsi, si on veut évaluer l’étendue et l’importance de la présence juive dans la traite des esclaves et la pratique de la castration, il est un fait que la crainte que des petits chrétiens puissent être enlevés et vendus était assez répandue et profondément enracinée dans tous les pays d’Europe occidentale, en particulier, la France et l’Allemagne, où ces Juifs étaient installés et où la plupart des marchands d’esclaves opéraient. Des personnalités du clergé nourrissaient cette peur, lui conférant des connotations religieuses à caractère antisémite, oubliant de préciser que le trafic d’esclaves faisait encore partie des mœurs à l’époque et, à ce titre, était largement toléré dans l’économie. Mais d’autre part, l’enlèvement et la castration d’enfants, souvent inévitablement confondus avec la circoncision, non moins redoutée et abhorrée, ne pouvaient manquer de s’insinuer dans l’inconscient collectif de l’Europe chrétienne, notamment les territoires français et germaniques, générant une angoisse qui s’est probablement renforcée au fil du temps et dont on peut penser qu’elle s’est concrétisé, plus ou moins fortement selon les endroits, sous la figure du meurtre rituel.
Dans le calendrier hébreu, Pessa’h, la Pâque, intervient un mois après la fête de Pourim, qui commémore le sauvetage in extremis du peuple juif en Perse d’une menace d’extermination que faisait peser sur lui un complot du perfide Haman, ministre du roi Assuérus 1er (519-465). Le Livre d’Esther, qui retrace ce tournant de l’histoire mondiale et exalte le rôle providentiel de l’héroïne biblique ainsi que celui de Mardochée, l’oncle et mentor d’Esther, se conclut par la pendaison d’Haman et de ses dix fils, ainsi que par l’heureux massacre des ennemis d’Israël. Léon da Modena dans son Riti, offre une description détaillée du Pourim, mettant l’accent sur son atmosphère carnavalesque et débridée à la limite de faire craquer les convenances les plus élémentaires.
«Le 14 Adar, qui correspond au mois de mars, se tient la fête de Pourim en souvenir de tout ce que nous lisons dans le livre d’Esther qui a sauvé le peuple d’Israël de l’extermination par les machinations d’Haman, lui et ses fils ont été pendu […]. Après les oraisons habituelles qui accompagnent le souvenir de l’évasion survenue à l’heure de la mort, on lit toute l’Histoire du Livre d’Esther, écrite d’un seul tenant, comme le Pentateuque, sur un parchemin qu’on appelle le meghillah, c’est-à-dire le volume. Et certains, entendant le nom d’Haman mentionné, frappent sur les tables comme un signe pour le maudire […] Ils font beaucoup de réjouissances et de banquets […] on s’efforce de servir le repas le plus somptueux possible, de manger et boire plus que d’habitude, après quoi les amis sortent pour se rendre visite, avec des réceptions, des festivités et des réjouissances».18
Pour un certain nombre de raisons, dont bien sûr celle de sa fréquente proximité avec la Semaine Sainte, Pourim, également appelée la «fête des lots», en est venue avec le temps à acquérir des connotations de plus en plus ouvertement antichrétiennes, tant dans la forme que dans le fond. Haman, assimilé à cet autre ennemi juré biblique des Juifs, Amalek (Deut. 25: 17-19), dont la mémoire devait être effacée de la surface de la terre, a été transformé, au fil du temps, en Jésus, le Faux Messie, dont les partisans impies menaçaient maintenant le peuple élu d’extermination.19
De plus, Haman a été exécuté par pendaison, tout comme l’aurait été, d’après d’abondants commentaires exégétiques en ce sens, Jésus lui-même. Dans la traduction grecque de la Septante ainsi que dans Flavius Josèphe (Ant. Jud. XI, 267, 280), la potence d’Aman était interprétée comme une croix, et l’exécution du perfide ministre d’Assuérus y était, de fait, décrite comme une authentique crucifixion en bonne et due forme. L’équivalence entre Amalek, Haman et le Christ était évidente. Haman, qui, dans le texte biblique, est appelé Talui, «le pendu», était confondu avec Celui qui, dans tous les textes hébraïques antichrétiens, était le Talui par antonomasie [le remplacement d’un nom propre par une épithète], c’est-à-dire le Christ crucifié.20
Lors du retentissant procès, à Milan, au printemps 1488, des membres les plus éminents des communautés ashkénazes du nord de l’Italie, accusés de diffamer la religion chrétienne, en réponse aux inquisiteurs exigeant de connaître le nom utilisé par les Juifs pour désigner Jésus de Nazareth, Salomone da Como, l’un des accusés, répondit sans hésiter: «Entre nous, nous l’appelons «Ossoays» («cet homme», de l’hébreu oto’ ha-ish, selon la prononciation allemande), ou Talui («le pendu», «le crucifié»), tandis que, lorsque nous parlons aux chrétiens, nous nous référons toujours à lui comme «le Christ»».21
Il n’est donc pas surprenant que le moine Évagre, au IVe siècle, dans un texte qui relate la dispute entre le chrétien Théophile et le Juif Simone, rapporte que ce dernier assimilait «la passion tant maudite et méprisée du Christ» à la «crucifixion» d’Haman.22
Selon le grand anthropologue anglais James George Frazer, le Christ est mort en jouant le rôle d’Haman (le dieu mourant) dans un drame de Pourim où (Jésus) Barabbas, le double de Jésus de Nazareth, jouait le rôle de Mordechai (le dieu qui resurgit). Dans le modèle du dieu qui meurt et qui renaît – courant au Proche-Orient – Haman aurait joué le rôle de la mort et Mardochée celui de la vie, tandis que la célébration de Pourim constituerait le rituel hébraïque de la mort et de la résurrection. En se fondant sur ces considérations, on pourrait facilement émettre l’hypothèse que, par le passé, les Juifs, au point culminant de la fête, auraient pu avoir pour coutume de réellement mettre à mort un homme, que Jésus, dans ce contexte, aurait été crucifié en endossant le rôle tragique du ministre d’Assuérus, l’ennemi juré d’Israël. 23
Les témoignages ne manquent pas pour attester du fait que lors des célébrations du carnaval de Pourim, initialement destinées à conspuer l’effigie d’Haman, cette dernière prenait progressivement des allures de plus en plus marquées du Christ en croix. C’est ainsi que, d’abord l’empereur Honorius (384-423), puis, à sa suite, Théodose (401-450), se sont vus dans l’obligation d’interdire aux Juifs des provinces de l’Empire d’incendier les effigies tant il devenait évident qu’il s’agissait d’une profanation de l’image du Christ.
À l’origine de la décision de Théodose, il y avait peut-être ce rapport datant de 404 – 407 qu’on trouve cité par un chroniqueur tardif du 10e siècle, Agapius: certains Juifs d’Alexandrie, forcés au baptême, se seraient rebellés en paradant avec une image grottesque du Christ crucifié, déclarant avoir été bien amusé par la cérémonie du bâpteme, provoquant les chrétiens en leur demandant si «Ceci est notre Messie?». L’affaire avait causé une grande indignation et il n’est pas impossible que l’épisode se soit inscrit dans le cadre des célébrations du Pourim.24
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