


Le 11 mai 1987, le nazi Klaus Barbie
comparaissait devant la Cour d’assises du Rhône pour répondre des crimes contre l’humanité dont il était accusé. Il convient de rappeler qu’il avait été extradé vers la France de Bolivie où il était réfugié. Pour l’histoire, le général Paul Aussaresses(1918/2013) a révélé dans un livre-entretien que Klaus Barbie avait touché une commission de la France sur une vente d’armes à la dictature bolivienne. Pourtant, il était recherché pour crimes contre l’humanité par cette même France et la CIA quand il exerçait à Lyon durant la 2ème guerre mondiale.


Mêmes les États-Unis, à travers leur agence de renseignements(la CIA), l’ont utilisé comme espion pour combattre le communisme en Bolivie.
Son histoire a été racontée dans un livre intitulé » L’agent du diable : vie, époque et crimes du nazi Klaus Barbie ».

Lors de son procès, Maître Jacques Vergès, avocat de Klaus Barbie, a appuyé la défense de son client par la présentation de six témoins. Il a comparé ses crimes à ceux de certains officiers français(1) pendant la guerre d’Algérie, crimes qui avaient été amnistiés par la loi n° 68-697 du 31 juillet 1968 en confirmation des deux décrets du 22 mars 1962.
L’un des témoins, comme le rapporte le New York Times du 16 juin 1987(voir lien ci-dessous), a déposé plainte contre la France. Je cite, « un homme de 50 ans nommé Eddine Lakdar-Toumi, visait à prouver que la France a été incohérente dans l’application des lois relatives aux crimes contre l’humanité.




M. Verges a déclaré que le père de M. Lakhdar-Toumi avait été tué après avoir été arrêté par des officiers de l’armée française pendant la guerre d’Algérie(1954-1962,ndlr). Pourtant, un procès que cette personne a intenté l’année dernière accusant la France de crimes contre l’humanité dans la mort de son père a été rejeté, a déclaré M. Vergès, au motif que l’amnistie avait été accordée en 1962 pour les crimes de guerre algériens.
M. Vergès a fait valoir devant le tribunal que si les accusations de crimes contre l’humanité commis en Algérie peuvent être rejetées, il en va de même pour les accusations similaires portées contre M. Barbie. »
Voir aussi :
Cette loi amnistie l’ensemble des infractions commises en Algérie par l’armée française et ses partisans. Elle prévoit dans son article 1 que « Sont amnistiées de plein droit toutes infractions commises en relation avec les événements d’Algérie. Sont réputées commises en relation avec la guerre d’Algérie toutes infractions commises par des militaires servant en Algérie ».
Autrement dit, la France avait commis les mêmes crimes contre les Algériens que ceux qu’avaient commis les nazis contre les juifs français pour lesquels Klaus Barbie avait comparu devant la Cour d’assises du Rhône.

D’ailleurs, en terme de justice, les États-Unis et avec eux certains pays comme le Royaume-Uni, devraient être au banc des accusés pour crimes contre l’humanité en regard des crimes qu’ils avaient commis et commettent encore dans plusieurs pays comme l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le Mali, la Somalie, le peuple Amérindien, l’Algérie, la Palestine pour ne citer que ceux-là.
Pour l’histoire, un jeune algérien de 18 ans avait été arrêté et emprisonné en 1958 sans raison aucune par l’armée française en Algérie. Il a été affreusement torturé jusqu’à perdre ses jambes. Voici ce qu’il avait dit dans une lettre adressée au journal Le Monde :
« Je voudrais tout simplement vous poser la question : comment est-ce que les Français jugent ces gens(nazis, ndlr), qui faisaient la même chose en Algérie que Barbie et les nazis dans leur temps ? »
En réalité, la France avait fait pire que les nazis(2) : enfumades, villages entiers décimés, des milliers d’Algériens déportés notamment en Nouvelle Calédonie(3), essais nucléaires, etc…
Notes
(1) Voir l’aveu de Paul Aussaresses « J’ai tué Ben Mhidi sans état d’âme »:
https://dzmewordpress.wordpress.com/2019/08/23/jai-tue-ben-mhidi-sans-etat-dame/
(2) Voir « La colonisation de l’Algérie par la France, une horreur biblique » :
(3) Voir vidéos :
1ère vidéo
2ème vidéo