La civilisation arabe et musulmane vue par des hommes célèbres de l’Occident

Jean Sylvain BaillyModifier

Les nations de l’Europe divisées, occupées pendant des siecles à se déchirer, après avoir vieilli dans la barbarie, n’ont été éclairées que par l’invasion des Maures, et par l’arrivée des Grecs échappés à la prise de Constantinople.

  • Lettre à Voltaire du 1er septembre 1776
  • Lettres sur l’origine des sciences et sur celle des peuples de l’AsieJean Sylvain Bailly, éd. M. Elmesly,, 1777, p. 139

Jean-Jacques BaudeModifier

Ces hommes [les Maures des villes d’Algérie], que nous méprisons trop, sont les fils de ceux qui couvrirent l’Espagne de monuments qu’elle n’est plus en état d’entretenir, qui allumèrent le flambeau des sciences sur l’Europe barbare, qui nous révélèrent, avant Constantinople et Rome, les écrits des Grecs et des Latins, et nous donnèrent les premières notions de chimie, de médecine et d’astronomie.

Napoléon BonaparteModifier

Les Arabes ont été pendant cinq cents ans la nation la plus éclairée du monde. C’est à eux que nous devons notre système de numération, les orgues, les cadrans solaires, les pendules et les montres. Rien de plus élégant, de plus ingénieux, de plus morale que la littérature persanne, et en général, tout ce qui est sorti de la plume des littérateurs de Bagdad et Bassora.

  • Mémoires pour servir l’histoire de France sous Napoléon, écrits à Saint-Hélène sous sa dictéeNapoléon Bonaparte, éd. Firmin-Didot, 1823, t. 2 (Général Gourgaud), Égypte – Religion, p. 258

Jacques Boucher de PerthesModifier

L’Afrique française sort de la barbarie, l’Espagne y retourne ; nous rendons aux Maures d’Afrique ce qu’ils nous avaient donné : la civilisation.

Michel ChaslesModifier

Depuis le VIIIe siècle jusqu’au XIIe siècle, l’Europe demeura plongée dans une ignorance profonde. L’amour et la culture des sciences furent concentrées pendant ce long interval chez un seul peuple, les Arabes de Bagdad et de Cordoue. C’est à eux que nous avons dû la connaissance des ouvrages grecs qu’ils avaient traduits pour leur usage, et qu’ils nous ont transmis, longtemps avant qu’ils nous parvinssent dans leur langue originale. Jusqu’à ces derniers temps, on a pensé que c’était là la seule obligation que nous eussions aux Arabes ; et l’on a négligé de rechercher et d’étudier leurs propres ouvrages, pensant que l’on n’y devait trouver rien d’original, ni d’étranger aux doctrines et à l’érudition grecques. C’est une erreur sur laquelle on revient aujourd’hui, surtout depuis qu’on connaît les ouvrages hindous, et que l’on sait que les Arabes y ont puisé les principes du calcul algébrique qui les distingue essentiellement des ouvrages grecs.

  • Aperçu historique sur l’origine et le développement des méthodes en géométrieMichel Chasles, éd. Hayez, 1837, p. 487-488d

Nous devons payer un juste tribut de reconnaissance aux Arabes, qui, après le déclin de l’école d’Alexandrie, et quand l’Occident était plongé pour longtemps encore dans la barbarie et l’ignorance, ont recueilli avec ardeur et intelligence les débris des sciences grecques et les connaissances orientales, qu’ils nous ont transmises vers le XIIe siècle. Leurs ouvrages ont été le modèle de tous les ouvrages européens, depuis cette époque, et longtemps encore après le XVe siècle, qui marque la renaissance des lettres et de la civilisation en Europe.

  • Traité de géométrie supérieureMichel Chasles, éd. Bachelier, 1852, p. 53

Adolphe ChéruelModifier

On s’occupa peu de mathématiques au moyen âge. Les Arabes, qui étaient alors supérieurs aux Européens par la culture intellectuelle, avaient enseigné à la France tout ce qu’elle savait des sciences ; […]

  • À l’article Sciences.
  • Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la FranceAdolphe Chéruel, éd. Hachette et Cie, 1855, p. 1137

Auguste ComteModifier

Par une honorable transmission de la science grecque, la civilisation arabe figurera toujours parmi les éléments essentiels de notre grande préparation au moyen âge.

  • Discours sur l’ensemble du positivisme (1848), Auguste Comte, éd. L. Mathias, 1848, p. 386

Georges CuvierModifier

Au onzième siècle l’Europe ne recevait guère de lumières que des Arabes d’Espagne. La plupart des chrétiens qui cherchaient à s’instruire, surtout en médecine, se rendaient dans leurs écoles. Gerbert, archevêque de Reims, l’un des grands hommes du siècle, et qui devint pape sous le nom de Sylvestre II, avait fait ses études à Cordoue. C’est par lui que fut introduit chez les chrétiens l’usage des chiffres arabes, si commodes pour les calculs. Mais nous devons faire remarquer que les Arabes ne sont point les inventeurs de ces chiffres, comme l’indique le nom qu’on leur donne généralement. […] Les écoles des Arabes avaient une supériorité trop remarquable, pour qu’elles ne devinssent pas le modèle de celles qui furent établies plus tard en France et ailleurs.

  • Histoire des sciences naturellesGeorges Cuvier, éd. Fortin, Masson et cie, 1841, t. 1, p. 396

John William DraperModifier

On ne saurait trop déplorer que la littérature européenne ait systématiquement cherché à nous faire oublier nos obligations scientifiques envers les mahométans. Il est certainement temps que nous les reconnaissions. Une injustice, fondée uniquement sur la haine religieuse et sur l’orgueil national, ne peut durer éternellement.

  • A History of the Intellectual Development of EuropeJohn William Draper (trad. L. Aubert), éd. A. Lacroix, Verboeckhoven et cie, 1868, p. 308

Les Arabes ont laissé sur l’Europe une empreinte intellectuelle que la chrétienté ne pourra bientôt plus ignorer ; ils l’ont inscrite de façon indélébile dans les cieux comme peut le constater toute personne lisant le nom des étoiles sur un globe céleste.

  • (en) The Arab has left his intellectual impress on Europe, as, before long, Christendom will have to confess; he has indelibly written it on the heavens, as any one may see who reads the names of the stars on a common celestial globe.
  • A History of the Intellectual Development of EuropeJohn William Draper (trad. Wikiquote), éd. Harper, 1863, p. 356

Victor DuruyModifier

Tandis que l’Europe était plongée dans des ténèbres de barbarie que perçaient à peine quelques faibles lueurs, une vive lumière de littérature, de philosophie, de science, d’arts, d’industrie inondait toutes les capitales de l’islamisme.

  • (fr) [La civilisation des Arabes] transmit à l’Europe du moyen âge des découvertes, des industries, des sciences, empruntées sans doute pour la plupart à d’autres peuples, mais dont il est glorieux pour les Arabes d’avoir été du moins les propagateurs. En effet, tandis que l’Europe était plongée dans des ténèbres de barbarie que perçaient à peine quelques faibles lueurs, une vive lumière de littérature, de philosophie, de science, d’arts, d’industrie inondait toutes les capitales de l’islamisme. Bagdad, Bassorah, Samarcande, Damas, le Caire, Kaïoran, Fez, Grenade, Cordoue étaient autant de grands centres intellectuels.
  • Histoire du moyen âgeVictor Duruy, éd. Hachette, 1861, p. 104

Claude FaurielModifier

A considérer les choses d’une manière générale, il est évident, par l’histoire, que les Arabes andalousiens durent avoir une certaine influence sur la civilisation du midi de la France. Ils eurent, comme tout le monde sait, sous leur domination la Septimanie […]; et c’est, selon toute apparence, à leur séjour de plus d’un demi-siècle dans cette contrée, qu’il faut attribuer l’introduction dans le Midi de diverses industries, de certains procédés d’agriculture, de certaines machines d’un usage universel, comme, par exemple, de celle qui sert à tirer l’eau des puits, pour l’irrigation des jardins et des champs, qui toutes sont d’invention arabe. C’est à la même époque et à la même cause qu’il faut rapporter l’habitude, longtemps et même encore aujourd’hui populaire dans le midi de la France, d’attribuer aux Sarrasins tout ouvrage qui offrait quelque chose de merveilleux, de grandiose, et supposait une puissance d’industrie supérieure à celle du pays, comme les châteaux fortifiés, les remparts et les tours des villes, et autres grands monuments d’architecture ; comme aussi les armes, les ouvrages de ciselure et d’orfèvrerie, les étoffes précieuses par le travail ou la matière. Toutes ces choses étaient qualifiées d’œuvre arabine, d’œuvre sarrasinesque, d’œuvre de gent sarrasine. Enfin, ce fut aussi par suite de la domination andalousienne dans la Septimanie que s’introduisit, dans le latin barbare du pays, devenu déjà ou prêt à devenir le roman, une certaine quantité de mots arabes qui devait s’accroître encore par la suite.

  • Histoire de la poésie ProvençaleClaude Fauriel, éd. W. Engelmann, 1847, p. 314

Joseph Arthur de GobineauModifier

La civilisation arabe ne fut pas autre chose que la civilisation gréco-syrienne, rajeunie, ravivée par le souffle d’un génie assez court, mais plus neuf, et altérée par un mélange persan de plus.

Georg Wilhelm Friedrich HegelModifier

La science et les connaissances, notamment philosophiques, sont venues en Occident de chez les Arabes.

  • (fr) Dans la lutte contre les Sarrasins la bravoure européenne s’était idéalisée en la belle et noble chevalerie; la science et les connaissances, notamment philosophiques, sont venues en Occident de chez les Arabes; la flamme d’une noble poésie et d’une libre fantaisie s’alluma chez les Germains au contact de l’Orient et c’est ainsi que Goethe aussi s’est adressé à l’Asie et a donné dans son Divan un collier de perles qui pour la tendresse et le bonheur de la fantaisie dépasse tout.

Johann Gottfried von HerderModifier

Le nom de ces peuples est inscrit parmi les étoiles en caractères plus durables qu’il n’eût pu l’être jamais sur la surface de la terre.

  • Philosophie de l’histoire de l’humanité (1791), Johann Gottfried von Herder (trad. Emile Tandel), éd. Firmin Didot, 1862, p. 418

Les mœurs élégantes de la chevalerie ont donc évidemment été apportées en Europe par les Arabes; ce qui chez les héros du Nord, avec leur pesant attirail, ne fut que métier ou fiction, fut dans cette nature du Midi un jeu facile, un élégant exercice. Ainsi l’esprit chevaleresque apparut d’abord parmi les chrétiens en Espagne, là où les Goths et les Arabes habitaient, près les uns des autres, depuis des siècles.

  • Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité (1791), Johann Gottfried von Herder (trad. Edgar Quinet), éd. F.G. Levrault, 1834, t. 3, De l’esprit de chevalerie en Europe, p. 441

Les mathématiques, la chimie, la médecine, s’introduisirent peu à peu dans les écoles les plus renommées de l’Europe, tant par des traités que par les découvertes et les expériences. Sans les Arabes, difficilement y aurait-il eu un Gerbert, un Albert le Grand, un Arnaud de Villeneuve, un Roger Bacon, un Raimond Lulle ; tous ils avaient fréquenté les sages de l’Espagne ou étudié leurs écrits.

  • Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité (1791), Johann Gottfried von Herder (trad. Edgar Quinet), éd. F.G. Levrault, 1834, t. 3, Culture de la raison en Europe, p. 475

Pierre-Louis GinguenéModifier

C’est peut-être en Espagne que les sciences des Arabes eurent le plus d’éclat ; c’est là que se fixa, pour ainsi dire, le règne de leur littérature et de leurs arts. Cordoue, Grenade, Valence, Seville se distinguèrent à l’envi par des écoles, des collèges des académies, et par tous les genres d’établissements qui peuvent favoriser les progrès des lettres. L’Espagne possédait soixante-dix bibliothèques ouvertes au public, dans différentes villes, quand tout le reste de l’Europe, sans livres, sans lettres, sans culture, était enseveli dans l’ignorance la plus honteuse. Une foule d’écrivains célèbres enrichit dans tous les genres la littérature arabico-espagnole ; et l’ouvrage qui contient les titres et les notices de leurs innombrables productions en médecine, en philosophie, dans toutes les parties des mathématiques, en histoire, et principalement en poésie, forme en Espagne une volumineuse bibliothèque. L’influence des Arabes sur les sciences et les lettres, se répandit bientôt dans l’Europe entière.

Il faut […] reconnaître dans la poésie arabe la mère et la maitresse commune de l’espagnole et de la provençale. On aperçoit dans la poésie des Troubadours les traces de cette filiation, et l’on y voit aucun vestige de la poésie grecque ou latine.

Jean-François Paul de GondiModifier

Les Sarrasins d’Espagne qui, au VIIIe siècle, se répandirent en France, pouvaient y faire naître le goût des sciences et des beaux-arts ; Charles-Martel les extermina prés de Poitiers, et tout le fruit de cette expédition fameuse fut l’affermissement de sa puissance, à moins que la postérité de quelques Maures échappés au carnage de Poitiers, et réfugiés au Midi de la France, ne fut à l’origine nébuleuse de ces troubadours qui illustrèrent ces mêmes contrées au XI, XIIe et XIIIe siècles : origine dont je ne sache pas qu’aucun critique ait eu l’idée.

Ferdinand HoeferModifier

Les khalifes Al-Mansour, Haroun-Al-Raschid, Al-Mamoun cultivèrent la philosophie, l’astronomie et les mathématiques. Al-Mamoun appela à sa cour beaucoup de savants étrangers, et il fit, à grands frais, traduire en arabe les classiques grecs. Partout la domination arabe répandait les bienfaits de la civilisation. Bagdad, Bassora, Rufa, Cordoue, eurent des écoles et des bibliothèques publiques, où affluaient les hommes avides de s’instruire. L’université de Cordoue jouit longtemps d’une grande célébrité. La bibliothèque de la capitale des émirs d’Espagne fut la plus vaste du monde […]. Cependant les Arabes avaient moins de génie et moins d’originalité que les Grecs, qu’ils ont traduits ou copiés. On leur doit fort peu de découvertes proprement dites. […] Au douzième siècle, on ne compta pas moins de soixante-dix bibliothèques publiques dans les contrées de l’Espagne soumises aux Maures. […] C’est, dit-on, par les croisades que la science des Arabes fut révélée aux Occidentaux. Mais on exagère ici, évidemment, l’influence des croisades. Car déjà dès le neuvième siècle, par conséquent deux cents ans au moins avant la première croisade, les savants de l’Occident s’étaient trouvés en contact avec les Maures d’Espagne et connaissaient les trésors de l’académie de Cordoue. Au dixième siècle, Gerbert, élu pape sous le nom de Sylvestre II, avait été élevé en Espagne, et avait même appris la langue arabe. […] Hormis les Arabes et les Grecs, tout le reste de l’Europe était encore plongé dans les ténèbres.

  • Histoire de la chimie (1843), Ferdinand Hoefer, éd. Firmin Didot frères, 1866, p. 323

Alexander von HumboldtModifier

Les Arabes, peuple de race sémitique, font reculer en partie la barbarie qui, déjà depuis deux siècles, a couvert l’Europe ébranlée par les invasions des peuples : ils remontent aux sources éternelles de la philosophie grecque ; ils ne se bornent pas à sauver le trésor des connaissances acquises, ils l’agrandissent et ouvrent des voies nouvelles à l’étude de la nature.

  • Cosmos, essai d’une description physique du mondeAlexander von Humboldt, éd. Gide et J. Braudy, 1844, t. 2, p. 247

Les Arabes doivent être considérés, je le répète encore, comme les véritables fondateurs des sciences physiques, en prenant cette dénomination dans le sens auquel nous sommes habitués aujourd’hui. […] Après avoir payé le tribut d’éloges que méritent les services rendus par les Arabes à la science de la nature, dans la double sphère du ciel et de la terre, il reste encore à mentionner ce qu’ils ont ajouté au trésor des mathématiques pures. […] Les Arabes rendirent ainsi un double service aux sciences mathématiques : leur algèbre, malgré l’insuffisance des signes et des notations, avait heureusement influé, tant par les emprunts qu’ils avaient faits aux Grecs et aux Hindous que par leurs propres découvertes, sur l’époque brillante des mathématiciens italiens au moyen âge. Ce furent eux aussi qui, par leurs écrits et par l’extension de leur commerce, répandirent le système de numération indienne depuis Bagdad jusqu’à Cordoue. Ces deux progrès, la propagation simultanée de la science et des signes numériques, avec leur double valeur, absolue et relative, agirent d’une manière différente, mais également efficace, sur le développement mathématique de la science de la nature.

  • Cosmos, essai d’une description physique du mondeAlexander von Humboldt, éd. Gide et J. Braudy, 1844, t. 2, p. 258-278

Alexandre de LabordeModifier

Si les Arabes espagnols se distinguèrent dans les sciences, s’ils en conserverent le dépôt, s’ils les transmirent aux autres nations, s’ils furent les promoteurs de leur renaissance en Europe, ils ne se distinguerent pas moins dans la littérature.

  • Itinéraire descriptif de l’Espagne (1809), Alexandre de Laborde, éd. Chez H. Nicolle, 1809, t. 5, p. 132

Dominique-Jean LarreyModifier

Le génie propre de ces hommes les a portés à fournir les premiers rois pasteurs de l’Égypte, les premiers astronomes, des philosophes profonds et de grands médecins :on connait au reste leurs travaux et leurs conquêtes.

  • Mémoires et Campagnes 1786-1840 (1841), Dominique-Jean Larrey, éd. Tallandier, 2004, t. 2, Remarques sur la constitution physique des Arabes, p. 1118-1119

François LaurentModifier

En vérité, il faut un étrange aveuglement pour nier les bienfaits que l’humanité doit à ces prétendus Barbares de l’Orient. Comment […] oublier que la renaissance de la philosophie, de la littérature et des sciences, est due aux travaux des Arabes? Ces Barbares, qu’on accuse d’avoir arrêté tout progrès, ont été l’instrument du progrès, même pour nous, hommes de l’Occident qui les méprisons aujourd’hui du haut de notre grandeur intellectuelle. Pendant que l’Europe était plongée dans les ténèbres de la barbarie, une brillante civilisation régnait à Bagdad et à Cordoue. On calomnie donc l’islam en disant qu’il a été un obstacle à toute culture. Si la civilisation arabe s’est arrêtée, c’est moins à la doctrine religieuse qu’il faut l’imputer qu’aux peuples qui ont remplacé la race arabe et qui étaient moins bien doués qu’elle par la nature.

  • Études sur l’histoire de l’humanité (1864), François Laurent, éd. Meline, Cans et cie, 1864, t. 5, p. 436

Les Arabes n’étaient plus des barbares, lorsqu’ils s’élancèrent à la conquête du monde ; ils avaient en eux des germes de civilisation qui se développèrent avec une rapidité et un éclat tout aussi merveilleux que leurs victoires ; ils portèrent leur civilisation chez les vaincus. Ces barbares du midi, qu’on accuse de tout détruire, rallumèrent le feu sacré de la science et de la philosophie en Europe.

  • Histoire du droit des gens et des relations internationales (1857), François Laurent, éd. Gand, 1857, t. 5, p. 525

Bernard LazareModifier

[Les Juifs] eurent, avec les Arabes, la part la plus active à la floraison et à l’épanouissement de cette admirable civilisation sémitique, qui surgit en Espagne et dans le Midi de la France, civilisation qui annonça et prépara la Renaissance.

  • L’antisémitisme, son histoire et ses causes (1894), Bernard Lazare, éd. L. Chailley, 1894, p. 113

Gustave Le BonModifier

À leur grande tolérance, les Arabes d’Espagne joignaient des mœurs très chevaleresques. Ces lois de la chevalerie : respecter les faibles, être généreux envers les vaincus, tenir religieusement sa parole, etc., que les nations chrétiennes adoptèrent plus tard, et qui finirent par exercer sur les âmes une action plus puissante que celles de la religion même, furent introduites par eux en Europe.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre troisième, chapitre sixième, Les Arabes en Espagne, p. 213

Grâce aux croisades, l’influence civilisatrice de l’Orient sur l’Occident fut très grande, mais cette influence fut beaucoup plus artistique, industrielle et commerciale que scientifique et littéraire. Quand on considère le développement considérable des relations commerciales et l’importance des progrès artistiques et industriels, engendrés par le contact des croisés avec les Orientaux, on peut affirmer que ce sont ces derniers qui ont fait sortir l’Occident de la barbarie, et préparé ce mouvement des esprits que l’influence scientifique et littéraire des Arabes, propagée par les universités de l’Europe, allait bientôt développer et d’où la renaissance devait sortir un jour.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre troisième, chapitre huitième, Lutte du christianisme contre l’islamisme, p. 254

L’esclavage chez les mahométans est fort différent de ce qu’il était chez les chrétiens. La situation des esclaves en Orient est bien préférable en effet à celle des domestiques en Europe. Ils font partie de la famille, et peuvent parfois s’élever aux plus hauts emplois. Aucune idée humiliante ne s’attache en Orient à l’esclavage, et on a dit avec raison que l’esclave y est plus près de son maître qu’un domestique chez nous.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre quatrième, chapitre deuxième, Mœurs et coutumes, p. 284

Bien peu de religions ont eu un pareil empire sur les âmes; aucune peut-être n’en a exercé de plus durable. Le Coran est le véritable pivot de la vie en Orient, et nous retrouvons son influence dans les moindres actes de l’existence. L’empire des Arabes ne vit plus que dans l’histoire, mais la religion qui fut mère de cet empire n’a pas cessé de s’étendre. Du fond de son tombeau, l’ombre du prophète règne en souveraine sur ces millions de croyants qui peuplent l’Afrique et l’Asie, du Maroc jusqu’à la Chine, de la Méditerranée à l’Equateur.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre quatrième, chapitre cinquième, Religion et morale, p. 328

Il semblera toujours humiliant à certains esprits de songer que c’est à des infidèles que l’Europe chrétienne doit d’être sortie de la barbarie, et une chose si humiliante en apparence ne sera que bien difficilement admise. […] Par leur influence morale, ils ont policé les peuples barbares qui avaient détruit l’empire romain ; par leur influence intellectuelle, ils ont ouvert à l’Europe le monde des connaissances scientifiques, littéraires et philosophiques qu’elle ignorait, et ont été nos civilisateurs et nos maîtres pendant six cents ans.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre cinquième, chapitre dixième, Civilisation de l’Europe par les Arabes, p. 442

[Ernest Renan] assure que les savants arabes n’étaient pas du tout des Arabes, mais bien des gens de Samarkand, Cordoue, Séville, etc. Ces pays appartenant alors aux Arabes, et le sang, aussi bien que l’enseignement arabes, y ayant pénétré depuis longtemps, il me semble évident qu’on ne peut pas plus contester l’origine des travaux qui sont sortis de leurs écoles, qu’on ne pourrait contester celle des travaux des savants français, sous le prétexte qu’ils proviennent d’individus appartenant aux races diverses : Normands, Celtes, Aquitains, etc., dont la réunion a fini par former la France.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre cinquième, chapitre dixième, Civilisation de l’Europe par les Arabes, p. 442, Note

Au point de vue de la civilisation, bien peu de peuples ont dépassé les Arabes et l’on n’en citerait pas qui ait réalisé des progrès si grands dans un temps si court. Au point de vue religieux, ils ont fondé une des plus puissantes religions qui aient régné sur le monde, une de celles dont l’influence est la plus vivante encore. Au point de vue politique, ils ont créé un des plus gigantesques empires qu’ait connus l’histoire. Au point de vue intellectuel et moral ils ont civilisé l’Europe.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre sixième, chapitre deuxième, Causes de la grandeur et de la décadence des Arabes, p. 470

Guillaume LibriModifier

Effacez les Arabes de l’histoire, et la renaissance des lettres sera retardée de plusieurs siècles en Europe.

  • Histoire des sciences mathématiques en ItalieGuillaume Libri, éd. J. Renouard, 1838, t. 1, p. 51

Jules MicheletModifier

Les Arabes ont fait au monde le plus riche présent dont aucun génie de peuple ait doué le genre humain. Si les Grecs lui ont donné le mécanisme logique, les Arabes lui ont donné la logique du nombre, l’arithmétique et l’algèbre, l’indispensable instrument des sciences. Et combien d’autres choses utiles!

  • (fr) Tandis que l’Occident voyait de Dieu le doux reflet lunaire, l’Orient et l’Espagne arabe et juive le contemplaient en son fécond soleil, dans sa puissance créatrice qui verse ses dons à torrents. L’Espagne est le champ du combat. Où paraissent les chrétiens, paraît le désert; où sont les Arabes, l’eau et la vie jaillissent de toutes parts, les ruisseaux courent, la terre verdit, devient un jardin de fleurs. Et le champ de l’intelligence aussi fleurit. Barbares, que serions-nous sans eux? Faut-il dire cette chose honteuse que notre Chambre des comptes attendit au dix-septième siècle pour adopter les chiffres arabes sans lesquels on ne peut faire le plus simple calcul? Les Arabes ont fait au monde le plus riche présent dont aucun génie de peuple ait doué le genre humain. Si les Grecs lui ont donné le mécanisme logique, les Arabes lui ont donné la logique du nombre, l’arithmétique et l’algèbre, l’indispensable instrument des sciences. Et combien d’autres choses utiles! la distillation, les sirops, les onguents, les premiers instruments de chirurgie, l’idée de la lithotritie, etc […]. Certes, le peuple qui, aux huitième et neuvième siècles, donna les modèles admirables de l’architecture ogivale fut un peuple d’artistes. Le contraste apparaît frappant entre eux et leurs sauvages voisins du Nord, dans le poëme du Cid. La chevalerie alors est au Midi, la douceur, la délicatesse, la religion de la femme et la bonté pour les enfants. C’est ce qu’avouent les chrétiens mêmes.
  • Histoire de France au XVIe siècleJules Michelet, éd. Chamerot, 1857, t. 7, Renaissance, p. 162

L’élément sémitique, juif et arabe, était fort en Languedoc [au XIIe siècle]. Narbonne avait été longtemps la capitale des Sarrasins en France. Les Juifs étaient innombrables. Maltraités, mais pourtant soufferts, ils florissaient à Carcassonne, à Montpellier, à Nîmes; leurs rabbins y tenaient des écoles publiques. Ils formaient le lien entre les chrétiens et les mahométans, entre la France et l’Espagne. Les sciences, applicables aux besoins matériels, médecine et mathématiques, étaient l’étude commune aux hommes des trois religions. Montpellier était plus lié avec Salerne et Cordoue qu’avec Rome. Un commerce actif associait tous ces peuples, rapprochés plus que séparés par la mer. […] Ces nobles du Midi étaient des gens d’esprit qui savaient bien la plupart que penser de leur noblesse. Il n’y en avait guère qui, en remontant un peu, ne rencontrassent dans leur généalogie quelque grand-mère sarrasine ou juive. Nous avons déjà vu qu’Eudes, l’ancien duc d’Aquitaine, l’adversaire de Charles Martel, avait donné sa fille à un émir sarrasin. Dans les romans carolingiens, les chevaliers chrétiens épousent sans scrupule leur belle libératrice, la fille du sultan.

  • Histoire de FranceJules Michelet, éd. Chamerot, 1861, t. 2, p. 335

Jean Hippolyte MichonModifier

L’islamisme, avec cette race si éminemment belle, avec ces Arabes si intelligents, si nobles, si rapprochés encore des traditions de l’homme primitif, l’islamisme a fait de grandes choses. On ne peut pas se le dissimuler, les Arabes ont eu une magnifique littérature, pendant que nous étions dans nos ténèbres du moyen âge; ils ont eu des arts dont les monuments subsistent encore. Partez de Bagdad, de Damas, de Jérusalem, du Caire, arrivez jusqu’à Grenade, jusqu’à Cordoue, cette civilisation brillante a couvert le monde de monuments que L’art chrétien a imités à partir du XIIe siècle, au moment où nous sortions un peu de la barbarie. […] Vous savez que depuis près de six siècles elle est tombée dans un affaissement progressif, et il semble qu’il y ait une loi fatale de décadence pour cette civilisation qui a jeté tant d’éclat dans le monde. Et remarquez que ce n’étaient pas des barbares, puisque les races sur lesquelles l’islamisme exerça son action sont restées jeunes, actives, intelligentes, que l’homme n’y a pas un instant dégénéré. C’est donc la faute de l’islamisme, qui n’a pas même eu la puissance de maintenir un peu de cette grandeur. Il donna l’élan, il fit prendre le glaive à ces hommes et excita leur enthousiasme en leur disant : Vous serez les conquérants du monde. L’instinct de la conquête une fois satisfait, l’enthousiasme s’est arrêté, et l’homme s’est trouvé seul avec lui-même, sans un principe d’activité qui est le germe, la vie de toute civilisation.

Jean-Étienne MontuclaModifier

Sur la fin du Xe siècle il y eut quelques hommes qui, épris des connaissances mathématiques, montrèrent un zèle digne d’éloges, pour s’en instruire. Les Arabes chez qui elles fleurissaient alors, furent pour les Chrétiens, ce qu’autrefois les Égyptiens avaient été pour les Grecs avides de savoir. […] Pendant cette période, tous ceux qui obtinrent le plus de réputation dans les mathématiques avaient été acquérir leur science parmi les Arabes.

Friedrich NietzscheModifier

Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d’Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds (et je préfère ne pas penser par quels pieds!) – Pourquoi? Parce qu’elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu’elle disait oui à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie maure!… Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière -une civilisation en comparaison de laquelle meme notre XIX siècle semblerait pauvre et retardataire! Voyons donc les choses comme elles sont! Les croisades? Une piraterie de grande envergure, et rien de plus! […] La noblesse allemande est à peu près absente de l’histoire de la culture supérieure: on en devine la cause… Le christianisme, l’alcool – les deux grands moyens de corruption… En soi, on ne devrait même pas avoir à choisir entre l’islam et le christianisme, pas plus qu’entre un Arabe et un Juif. La réponse est donnée d’avance: ici, nul ne peut choisir librement. Soit on est un tchandala, soit on ne l’est pas. « Guerre à outrance avec Rome! Paix et amitié avec l’Islam. » C’est ce qu’a senti, c’est ce qu’a fait ce grand esprit fort, le seul génie parmi les empereurs allemands, Frédéric II Hohenstauffen.

  • L’Antéchrist (1888), Friedrich Nietzsche, éd. Gallimard, 2006  (ISBN 2070325571), aphorisme 60, p. 85

La merveilleuse civilisation maure d’Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce… une civilisation en comparaison de laquelle même notre XIX siècle semblerait pauvre et retardataire!

  • L’Antéchrist (1888), Friedrich Nietzsche, Giorgio Colli et Mazzino Montinari, éd. Gallimard, 1990, p. 338

Edgar QuinetModifier

C’est l’originalité de l’Espagne, qu’avec cette horreur sainte du génie arabe, elle ne peut s’en séparer. Elle l’a chassé il y a trois siècles : il est encore là, debout et vivant dans son cœur ; elle le hait, et il court dans ses veines. Elle abhorre Mahomet ; et son Dieu, tel qu’elle l’a fait, a toutes les passions, toutes les rancunes du dieu du Coran. Elle déteste l’Arabie, et l’Arabie s’attache à ses flancs comme une tunique. Telle est donc la condition de ce peuple, pendant huit siècles, de haïr toujours le génie qu’elle imite et épouse à son insu.

  • Œuvres complètesEdgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), Le Coran et l’Évangile, p. 139

L’histoire de l’Orient moderne, avec toutes ses vicissitudes, n’est rien que la grande âme de Mahomet, déployée comme un drapeau de siècle en siècle.

  • (fr) La destinée du génie arabe, ces victoires de la foi, ces miracles de l’épée, ces conquêtes instantanées, ces cinq ou six siècles de grandeur, ce monde splendide qui s’étend de la Perse à l’Arabie, à l’Espagne, tout cela a vécu un moment enfermé en germe dans le cœur du Prophète. L’histoire de l’Orient moderne, avec toutes ses vicissitudes, n’est rien que la grande âme de Mahomet, déployée comme un drapeau de siècle en siècle.[…] Mahomet est tout ensemble la tête et le bras, le Christ et le Napoléon de l’Orient moderne ; il établit le nouveau dogme religieux, et il le réalise incontinent dans le monde social.
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), Le Mahométisme, p. 119

Adolphe QueteletModifier

Ces mêmes Arabes qui avaient détruit le dépôt sacré des connaissances humaines [bibilothèque d’Alexandrie] furent ensuite les premiers à en rétablir les fondements. Par mesure pour ainsi dire expiatoire, ils travaillèrent avec succès à éclaircir les principes de l’arithmétique et de l’algèbre, et à donner a ces sciences un développement qu’elles n’avaient pas encore reçu jusqu’alors. Ils s’attachèrent aussi à conserver les ouvrages que nous avaient transmis les Grecs : la trigonométrie et la géodésie reçurent des accroissements précieux, surtout l’astronomie. Alfraganus et Albaténius furent les dignes successeurs d’Hipparque et de Ptolémée.

  • Histoire des sciences mathématiques et physiques (1864), Adolphe Quetelet, éd. Hayez, 1864, p. 9

Élisée ReclusModifier

Les Arabes du Guadalquivir ont été les maîtres et les éducateurs de l’Europe en astronomie, en mathématique, en mécanique, en médecine, en philosophie : l’ingratitude et la mauvaise foi ont seuls pu leur contester ce mérite.[…] Le génie inventif des musulmans d’Espagne se réveillera peut-être un jour chez leurs descendants : c’est assez de plusieurs siècles de sommeil !

  • Nouvelle géographie universelle: la terre et les hommesÉlisée Reclus, éd. Hachette, 1876, t. 1, p. 906-907

Ernest RenanModifier

Cette civilisation musulmane, maintenant si abaissée, a été autrefois très brillante. Elle a eu des savants, des philosophes. Elle a été, pendant des siècles, la maîtresse de l’Occident chrétien. Pourquoi ce qui a été ne serait-il pas encore ? Voilà le point précis sur lequel je voudrais faire porter le débat. Y a-t-il eu réellement une science musulmane, ou du moins une science admise par l’islam, tolérée par l’islam ? Il y a dans les faits qu’on allègue une très réelle part de vérité. Oui ; de l’an 775 à peu près, jusque vers le milieu du XIIIe siècle, c’est-à-dire pendant cinq cents ans environ, il y a eu dans les pays musulmans des savants, des penseurs très distingués. On peut même dire que, pendant ce temps, le monde musulman a été supérieur, pour la culture intellectuelle, au monde chrétien.

  • Discours et conférencesErnest Renan, éd. C. Lévy, 1887, L’Islamisme et la Science (conférence prononcée à la Sorbonne, en 1883), préambule, p. 378

Ce fut par ces traductions arabes des ouvrages de science et de philosophie grecque que l’Europe reçut le ferment de tradition antique nécessaire à l’éclosion de son génie.

  • Discours et conférences, Ernest Renan, éd. C. Lévy, 1887, L’Islamisme et la Science (conférence prononcée à la Sorbonne, en 1883), p. 387

Faire honneur à l’islam d’Avicenne, d’Avenzoar, d’Averroès, c’est comme si l’on faisait honneur au catholicisme de Galilée.

  • Conférence prononcée à la Sorbonne en 1883.
  • Discours et conférences, Ernest Renan, éd. C. Lévy, 1887, L’Islamisme et la Science, p. 396

L’islamisme a de belles parties comme religion ; je ne suis jamais entré dans une mosquée sans une vive émotion, et, le dirai je ? un certain regret de n’être pas musulman. Mais, pour la raison humaine, l’islamisme n’a été que nuisible.

  • Conférence prononcée à la Sorbonne en 1883.
  • Discours et conférences, Ernest Renan, éd. C. Lévy, 1887, L’Islamisme et la Science, p. 396

Pellegrino RossiModifier

La population maure avait apporté sur une terre inculte [l’Espagne] une civilisation modèle, avec l’élégance de ses mœurs, avec son commerce et son industrie. Mais au XVIe siècle la puissance des Maures, même soumis, fut regardée comme dangereuse pour le pouvoir établi et ils furent expulsés. On s’aperçut bientôt de la plaie profonde que cette expulsion avait faite à l’Espagne.

  • Cours de droit constitutionnelPellegrino Rossi, éd. Guillaumin, 1866, t. 2, p. 384

Jules Barthélemy-Saint-HilaireModifier

Il est difficile de deviner ce que serait devenue la France, et peut-être aussi l’Europe, sans la victoire de Charles Martel (bataille de Tours 732), bien qu’il n’y ait point à croire que ni l’une ni l’autre eussent gagné à devenir musulmanes. Mais il est certain que les Arabes, quoique moins disciplinés que les Francs, vainqueurs et héritiers de la tactique romaine, leur étaient supérieurs sous bien des rapports ; et, quelques siècles plus lard, c’était aux sciences et aux écoles de l’islamisme que l’Europe chrétienne allait devoir la moitié de ses lumières. Au XIe et au XIIe siècle, l’Espagne, livrée aux Maures, instruisait le reste du monde après s’être instruite elle-même aux monuments de la Grèce. Si la scholastique n’avait point eu les sources arabes, il est sûr qu’elle n’eût pas fait de si rapides progrès ; et la Renaissance d’Albert le Grand et de saint Thomas aurait pu se faire attendre encore bien longtemps. C’est donc là un caractère qui distingue les conquêtes arabes de bien d’autres ; et il serait peu équitable de les confondre soit avec celles des barbares nos ancêtres, soit avec celles de Gengis-Khan ou de Timour. Celles-là n’ont été qu’une suite d’effroyables désordres, le carnage et le butin étaient les seuls objets des envahisseurs, et il n’est resté après eux que ruine et que deuil. Les Arabes, au contraire, ont semé partout des germes heureux, qui sont devenus féconds en d’autres mains que les leurs.

  • « La vie de Mahomet » (1864), dans Séances et travaux de l’Académie des sciences morales et politiquesJules Barthélemy-Saint-Hilaire, éd. Auguste Durand, 1864, t. 19, p. 425

Eugène Rosseeuw Saint-HilaireModifier

La France elle-même, jusqu’à la Loire, n’a-t-elle pas cédé, sans s’en rendre compte, au contact du génie arabe, qui s’est, pour arriver jusqu’à elle, transvasé pour ainsi dire à travers mille canaux ; qui s’est fait d’abord espagnol, puis catalan, puis provençal, puis italien, puis francais, pour imbiber de ce je ne sais quoi de chevaleresque et de gracieux qui les caractérise, nos arts, nos mœurs et notre poésie. Oui, c’est aux Arabes, par l’Espagne et par les croisades, que nous devons cette civilisation dont nous sommes si fiers; notre chevalerie nous vient des Arabes; ce sont eux qui ont appris à l’Italie, et par elle à nous, qu’il avait existé une antiquité, et c’est par eux que nous avons commencé à l’étudier. Le christianisme lui-même, en luttant avec bonheur contre l’influence de l’Islam, n’a su lui enlever de nous que la partie la plus sérieuse : l’homme moral a échappé aux Arabes ; mais l’homme social leur est resté, et c’est celui-là qui est presque tout entier leur ouvrage. Ainsi, messieurs, vous retrouvez dans cette civilisation arabe, morte presque aussitôt que née, mais dont l’influence est loin d’être morte avec elle, quelque chose de l’universalité du génie romain. Le peuple d’Auguste, comme celui de Mahomet, ont conquis le monde deux fois, la première par les armes, la seconde par les lumières, et bien des siècles après que les deux empires ont péri, leur domination dure encore : le règne des mœurs et des idées a survécu à celui des lois. Le monde moderne, comme une médaille frappée à deux coins différens, porte une double empreinte, arabe d’un côté, romaine de l’autre.

  • « L’Espagne romaine et l’Espagne arabe (Discours prononcé à l’ouverture du cours d’histoire ancienne, Faculté des Lettres de Paris.) » (1838), dans Revue de ParisEugène Rosseeuw Saint-Hilaire, éd. Bureau de la Revue de Paris, 1838, t. 52, p. 231

Louis-Pierre-Eugène SédillotModifier

Les Arabes sont au moyen âge les seuls représentants de la civilisation ; ils font reculer la barbarie qui s’était étendue sur l’Europe, ébranlée par les invasions des peuples du Nord ; ils remontent « aux sources éternelles de la philosophie grecque » et, loin de se borner à préserver de toute attente le trésor des connaissances acquises, ils l’agrandissent et ouvrent des voies nouvelles à l’étude de la nature.

Jean de SismondiModifier

Les notions du point d’honneur, qui ont eu une si grande influence, non pas seulement sur la chevalerie, mais sur toute notre civilisation moderne, sont plus propres aux Arabes qu’aux peuples germains; c’est d’eux que nous est venue cette religion de la vengeance, cette appréciation si délicate des offenses et des affronts qui leur fait sacrifier leur vie et celle de toute leur famille pour laver une tache à leur honneur. […] L’époque de la naissance de la chevalerie est celle précisément où la morale des Arabes était arrivée au plus haut terme de délicatesse et de raffinement, où la vertu était l’objet de leur enthousiasme, et où la pureté du langage et des pensées chez leurs écrivains, fait honte à la corruption des nôtres. Enfin de tous les peuples de l’Europe, les plus chevaleresques sont les Espagnols, et ce sont les seuls qui aient été immédiatement à l’école des Arabes. […] La chevalerie est une invention arabe.

  • De la littérature du midi de l’EuropeJean de Sismondi, éd. Treuttel et Würtz, 1813, p. 267-269

StendhalModifier

On voit que c’est nous qui fûmes les barbares à l’égard de l’Orient, quand nous allâmes le troubler par nos croisades. Aussi devons-nous ce qu’il y a de noble dans nos mœurs à ces croisades et aux Maures d’Espagne.

  • De l’Amour (1822), Stendhal, éd. Michel Lévy frères, 1857, p. 174

VoltaireModifier

Dans nos siècles de barbarie et d’ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l’empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes: astronomie, chimie, médecine, et surtout des remèdes plus doux et plus salutaires que ceux qui avaient été connus des Grecs et des Romains. L’algèbre est de l’invention de ces Arabes; notre arithmétique même nous fut apportée par eux.

Si ces Ismaélites ressemblaient aux Juifs par l’enthousiasme et la soif du pillage, ils étaient prodigieusement supérieurs par le courage, par la grandeur d’âme, par la magnanimité.

  • « Essais sur les Mœurs » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De l’Arabie et de Mahomet, p. 231

Il est évident que le génie du peuple arabe, mis en mouvement par Mahomet, fit tout de lui-même pendant près de trois siècles, et ressembla en cela au génie des anciens Romains.

  • « Essais sur les Mœurs » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De l’Arabie et de Mahomet, p. 237

Les Arabes polirent l’Asie, l’Afrique, et une partie de l’Espagne, jusqu’au temps où ils furent subjugués par les Turcs, et enfin chassés par les Espagnols; alors l’ignorance couvrit toutes ces belles parties de la terre; des mœurs dures et sombres rendirent le genre humain farouche de Bagdad jusqu’à Rome.

Dès le second siècle de Mahomet, il fallut que les chrétiens d’Occident s’instruisissent chez les musulmans

  • « Essais sur les Mœurs » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De l’Arabie et de Mahomet, p. 238

Il y a je ne sais quoi dans ce Mahomet qui impose. Les religions sont comme les jeux du trictrac et des échecs : elles nous viennent de l’Asie. Il faut que ce soit un pays bien supérieur au nôtre, car nous n’avons jamais inventé que des pompons et des falbalas ; tout nous vient d’ailleurs jusqu’à l’inoculation.

Le plus grand changement que l’opinion ait produit sur notre globe fut l’établissement de la religion de Mahomet. Ses musulmans, en moins d’un siècle, conquirent un empire plus vaste que l’empire romain. Cette révolution, si grande pour nous, n’est, à la vérité, que comme un atome qui a changé de place dans l’immensité des choses, et dans le nombre innombrable de mondes qui remplissent l’espace; mais c’est au moins un événement qu’on doit regarder comme une des roues de la machine de l’univers, et comme un effet nécessaire des lois éternelles et immuables: car peut-il arriver quelque chose qui n’ait été déterminé par le Maître de toutes choses? Rien n’est que ce qui doit être.

Le mahométisme était sans doute plus sensé que le christianisme. On n’y adorait point un Juif en abhorrant les Juifs; on n’y appelait point une Juive mère de Dieu; on n’y tombait point dans le blasphème extravagant de dire que trois dieux font un dieu; enfin on n’y mangeait pas ce dieu qu’on adorait, et on n’allait pas rendre à la selle son créateur. Croire un seul Dieu tout-puissant était le seul dogme, et si on n’y avait pas ajouté que Mahomet est son prophète, c’eût été une religion aussi pure, aussi belle que celle des lettrés chinois. C’était le simple théisme, la religion naturelle, et par conséquent la seule véritable.

Ces mêmes Maures cultivèrent les sciences avec succès, et enseignèrent l’Espagne et l’Italie pendant plus de cinq siècles. Les choses sont bien changées. Le pays de saint Augustin n’est plus qu’un repaire de pirates.

  • Dictionnaire philosophiqueVoltaire, éd. Lequien fils, 1829, t. 2, Augustin, p. 212


Source :

https://fr.m.wikiquote.org/wiki/Civilisation_islamique

Publié par ahmedmiloud

Retraité aime internet,débats,culture."La religion agréée par Allah,Le Dieu Unique, est l'Islam". Tout d'abord bienvenue sur mon blog. Vous y trouverez différents sujets qui pourraient vous intéresser, des réponses à certaines questions existentielles et surtout certaines choses qu'on essaie de vous cacher . Osez crier votre vérité même si elle blesse et ne courbez pas l'échine devant l'adversité. Ma devise : "Le mensonge finit toujours par se briser sur le mur de la vérité."(Ahmed Miloud)

Laisser un commentaire